Pollution des Calanques de Marseille : L'État condamné à dépolluer

FRANCE

12/23/20243 min read

Introduction :

Le tribunal administratif de Marseille a condamné l'État français à dépolluer les anciens sites industriels des Calanques avant 2028. Une décision historique pour la préservation de ce joyau naturel, mais sans indemnisation pour les riverains affectés.

A view of a beach with boats in the water
A view of a beach with boats in the water

Points clés :

  • Décision historique : L'État est reconnu responsable de l'inaction face à des pollutions industrielles remontant au XIXᵉ siècle.

  • Sites touchés : 29 hectares entre Mont Rose et Callelongue, au cœur du Parc national des Calanques.

  • Substances toxiques : Plomb, mercure, arsenic, amiante et autres métaux lourds contaminent les sols.

  • Calendrier imposé : Dépollution intégrale d'ici 2028 avec des mesures de sécurité dès 2025.

  • Absence d'indemnisation : Les riverains exposés aux polluants n'ont pas obtenu réparation.

Les obligations imposées à l'État

Le tribunal a ordonné à l'État de procéder à la dépollution complète des sites concernés d'ici le 30 juin 2028. Une première phase de mise en sécurité doit débuter dès septembre 2025. L'ancien site Legré-Mante fait l'objet d'une attention particulière : son propriétaire, le fonds suisse Ginkgo, est sommé d'engager des travaux immédiats sous peine d'intervention publique.

Le coût total de ces opérations est estimé à 14 millions d'euros, bien que certains experts jugent ce budget insuffisant au vu de l'ampleur des travaux nécessaires.

Un lourd héritage industriel

Depuis le XIXᵉ siècle, cette région a accueilli diverses usines chimiques et métallurgiques. Parmi elles, l'usine Legré-Mante, fermée en 2009, symbolise cet héritage toxique. Les activités industrielles ont laissé derrière elles des dépôts massifs de scories et des sols saturés de contaminants dangereux.

Malgré les alertes répétées des associations environnementales et des riverains, peu d'actions concrètes avaient été entreprises jusqu'à présent. Cette inertie a conduit à une situation critique nécessitant une intervention judiciaire.

Une décision judiciaire inédite

Le 16 décembre 2024, le tribunal administratif de Marseille a rendu une décision majeure en matière environnementale. L'État français a été condamné pour sa carence fautive dans la gestion des pollutions industrielles historiques affectant le littoral sud de Marseille. Ces pollutions concernent notamment des anciens sites industriels situés dans les Calanques, une zone classée Natura 2000 et reconnue pour sa biodiversité exceptionnelle.

Les pollutions identifiées incluent des métaux lourds tels que le plomb, l'arsenic et le mercure, ainsi que des résidus industriels comme l'amiante. Ces substances, présentes dans les sols et parfois utilisées dans les infrastructures locales, représentent un risque grave pour l'environnement et la santé publique.

Une victoire partielle pour les riverains

Si cette décision est saluée comme une avancée majeure pour la restauration environnementale, elle laisse un goût amer aux habitants locaux. Leur demande d'indemnisation pour préjudice moral lié à l'exposition aux polluants a été rejetée par le tribunal. Pourtant, des analyses ont confirmé la contamination au plomb dans leurs jardins.

Les avocats représentant les associations et les riverains regrettent cette incohérence mais se réjouissent néanmoins d'avoir obtenu une reconnaissance officielle du problème environnemental.

Perspectives et défis

Cette condamnation marque un tournant dans la gestion des sites pollués en France. Elle souligne la responsabilité de l'État face aux dommages environnementaux historiques et pourrait servir de précédent pour d'autres cas similaires.

Cependant, plusieurs défis demeurent :

  • Assurer le respect du calendrier imposé par la justice.

  • Garantir l'efficacité des techniques de dépollution face aux contraintes climatiques (érosion, montée des eaux).

  • Maintenir la pression sur les autorités pour éviter tout retard ou compromis sur la qualité des travaux.

Pour les Calanques, cette décision offre enfin une chance de réhabilitation après plus d'un siècle de dégradations. Mais elle rappelle aussi que la lutte contre la pollution reste un combat long et complexe.

Sources :

  • Libération

  • Le Méridional

  • France 3 Régions