Quatre bassines d'irrigation déclarées illégales : un tournant pour la gestion de l'eau en France

FRANCE

12/19/20243 min read

Introduction :

La Cour administrative d’appel de Bordeaux a jugé illégales quatre bassines d’irrigation, dont la controversée Sainte-Soline. Cette décision met en lumière les enjeux écologiques et sociaux liés à ces infrastructures, au cœur d’un débat national sur la gestion durable de l’eau.

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Points clés :

  • La Cour a invalidé les autorisations pour quatre bassines, faute de dérogations concernant une espèce protégée, l’outarde canepetière.

  • Ces infrastructures sont accusées de menacer la biodiversité et de favoriser un modèle agro-industriel intensif.

  • Les tensions autour des mégabassines, exacerbées par des manifestations violentes en 2023, reflètent un conflit entre deux visions agricoles.

  • Le débat soulève des questions sur l’équité dans l’accès à l’eau et son usage face au changement climatique.

Une bataille juridique et sociale

Depuis 2018, le projet des mégabassines est au cœur d’une lutte acharnée entre ses promoteurs et ses opposants. En mars 2023, une manifestation autour du chantier de Sainte-Soline avait dégénéré en affrontements violents, faisant plusieurs centaines de blessés. Ce conflit illustre un clivage profond entre deux modèles agricoles : celui de l’agro-industrie intensive et celui prônant une transition vers l’agroécologie.

La décision judiciaire marque une victoire importante pour les associations environnementales telles que Nature Environnement 17 et la Ligue de protection des oiseaux. Cependant, elle laisse planer des incertitudes sur la suite du projet. La Coop de l’Eau espère obtenir rapidement les dérogations nécessaires, mais un nouveau contentieux semble inévitable.

Un projet contesté depuis ses débuts

Les mégabassines, ou réserves de substitution, consistent à stocker l’eau pompée en hiver dans les nappes phréatiques pour irriguer les cultures en été. Si elles visent à sécuriser les rendements agricoles face aux sécheresses croissantes dues au changement climatique, elles suscitent une vive opposition. Les critiques dénoncent :

Un impact écologique négatif : Ces infrastructures menacent les écosystèmes locaux en privant les sols et zones humides d’une ressource vitale. De plus, leur conception favorise une forte évaporation (jusqu’à 10 % selon certaines études), aggravant le gaspillage d’eau.

Un modèle agricole non durable : Les bassines bénéficient principalement à des exploitations intensives gourmandes en eau, notamment pour la culture du maïs destiné à l’élevage industriel ou à l’exportation.

Des inégalités sociales : Elles concentrent les ressources hydriques entre les mains de grandes exploitations agricoles, au détriment des petits agriculteurs et des communautés locales.

Un jugement historique pour les bassines d'irrigation

Le 18 décembre 2024, la Cour administrative d’appel de Bordeaux a déclaré illégales quatre des seize bassines prévues dans le projet de la Coop de l’Eau dans le Marais poitevin. Parmi elles figure Sainte-Soline, symbole des tensions entre défenseurs de l’environnement et partisans d’une agriculture intensive. La décision repose sur l’absence de dérogations nécessaires pour protéger l’habitat d’une espèce menacée, l’outarde canepetière. En conséquence, ces bassines ne pourront être remplies tant que ces dérogations ne seront pas accordées.

Quelles alternatives pour une gestion durable de l’eau ?

Face aux défis posés par le changement climatique et la raréfaction des ressources hydriques (une baisse estimée jusqu’à 40 % d’ici 2050), il est urgent de repenser la gestion de l’eau en France. Les experts appellent à :

  • Promouvoir l’agroécologie : Réduction des intrants chimiques, diversification des cultures et adoption de pratiques économes en eau.

  • Favoriser une répartition équitable : Prioriser les usages essentiels (eau potable et écosystèmes) tout en limitant les prélèvements agricoles intensifs.

  • Investir dans des solutions locales : Récupération des eaux pluviales et restauration des zones humides pour renforcer leur rôle tampon.

Conclusion

La suspension des bassines illégales marque un tournant dans le débat sur la gestion durable de l’eau en France. Elle met en lumière les limites d’un modèle agricole intensif face aux enjeux écologiques actuels. Cette décision pourrait ouvrir la voie à une transition vers une agriculture plus respectueuse des ressources naturelles et mieux adaptée aux défis climatiques.

Sources :